Le Livre de l'Oracle
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Le Livre de l'Oracle
Résumé : Un jeune garçon se voit confier sans le vouloir la tâche de rapporter un livre mystérieux à l’Oracle. Aidé et guidé par une Gardienne et des soldats de l’Empire, il va être confronté à de nombreux obstacles qui feront de lui quelqu’un qu’il ne soupçonnait pas.
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Dernière édition par Sanilia le Sam 26 Fév - 23:05, édité 1 fois
Re: Le Livre de l'Oracle
Chapitre I :
Le jour naissait doucement derrière les collines qui entouraient la vallée de Liron. Le ciel était teinté d’une douce lueur où perlaient des lambeaux de rose, de rouge et d’orange qui s’emmêlaient et s’étiraient au-dessus du petit village endormi, niché au centre du vallon. Une forêt s’éclaircissait peu à peu à l’Ouest tandis que l’eau bleutée du lac s’enflammait sous le feu d’artifice de couleurs. La faune commençait doucement à s’éveiller, s’ébrouant, se relevant, tandis que la flore ouvrait ses pétales, prête à accueillir la lumière du soleil. La rosée perlait fièrement sur le parterre verdoyant en gouttelettes étincelantes.
Perché sur le toit d’une étable, un garçon regardait la naissance du jour, les jambes repliées contre lui, le menton sur les genoux. Il s’était glissé hors de son lit tôt avant qu’il ne commence et n’avait même pas pris le temps de peigner sa tignasse blonde ou de se nettoyer le visage. Les cernes sous ses yeux fatigués soulignaient le bleu de ses yeux. Limpides, grands ouverts sur le monde, curieux.
Il aimait grimper sur cette étable le matin, alors qu’une bonne moitié du village était encore endormie. Le boulanger était déjà debout lui, à cuire son pain dans son four et dégageant une délicieuse odeur qui faisait, la plupart du temps, gargouiller l’estomac du garçon. Et puis il y avait les bergers aussi, qui se levaient aux aurores pour emmener leur troupeau paître tranquillement ou encore quelques marchands téméraires qui commençaient déjà à installer leur devanture.
Les premiers rayons de soleil vinrent se poser doucement sur le visage juvénile de l’enfant qui ferma les yeux pour apprécier la chaleur timide qu’ils dégageaient. Tout était d’un calme apaisant.
Puis, lorsque le bel astre se fut totalement libéré de l’emprise des collines et que sa lumière se déversa sur la vallée, le garçon descendit péniblement de son point de vue, faisant attention à ne pas tomber et à ne rien se briser.
Il courut quelques mètres, le temps de rejoindre sa maison, puis se dépêcha de remonter l’escalier qui menait à l’étage, là où se trouvait sa chambre. Il sautilla jusqu’à son lit et se glissa sous les couvertures en frissonnant. Peut être aurait-il le temps de se rendormir cinq minutes avant qu’on ne vienne le réveiller.
Mais les pas qu’il entendit monter les marches lui arrachèrent une grimace et il se força à rester immobile.
La porte s’ouvrit légèrement, sans doute assez pour laisser passer sa mère, puis les pas se rapprochèrent de lui avant de s’arrêter.
- Derrald…
La voix était douce et chaude. Le garçon ne bougea pas, imitant à la perfection le sommeil.
- Derrald, reprit la voix. Je t’ai entendu revenir.
Il se redressa avec un air penaud. Isil, sa mère, se tenait devant lui les bras croisés sur sa poitrine, ses cheveux blonds cascadant sur ses épaules en boucles chatoyantes. Elle semblait parfaitement réveillée et ses yeux, d’un bleu plus foncés que ceux de son fils, le fixaient avec un mélange de mécontentement et d’amusement.
Elle soupira et s’assit à côté de son fils.
- Qu’est-ce que je t’ai déjà dit Derrald ? Je n’aime pas que tu grimpes sur cette étable. Un jour elle cédera sous ton poids ou bien tu glisseras en descendant et tu te feras mal. C’est certain.
- Je sais maman, répondit-il timidement. Mais j’aime voir le jour se lever.
Isil soupira une nouvelle fois en posant une main maternelle sur les cheveux en bataille de son fils. Il avait toujours adoré ça. Pendant son enfance, lorsque le travail de son père ne prenait pas tout son temps, il l’emmenait avec lui le long du lac et ils regardaient ensemble le jour se lever doucement.
Mais depuis plusieurs années, avec l’approche imminente de la guerre, le forgeron n’avait plus autant de temps à consacrer à son fils et elle savait que le garçon en souffrait.
- Fais attention, lui conseilla-t-elle simplement avant de se lever du lit.
Elle s’éloigna en direction de la porte et s’apprêtait à sortir lorsqu’elle s’adressa une nouvelle fois à Derrald.
- Viens vite prendre ton petit-déjeuner et m’aider pour réparer la clôture des chevaux si tu veux aller voir ton père à la forge.
Le garçon eut un grand sourire et se précipita hors de son lit lorsque sa mère eut refermer la porte. En hâte, il enfila une tunique propre et se débarbouilla le visage dans la bassine d’eau froide posée près de l’encadrement. Puis, tout aussi rapidement, il enfila ses bottes en cuir et glissa ses doigts dans ses cheveux pour les peigner.
Enfin prêt, il descendit dans le salon. La pièce était la plus grande de la maison. À gauche se trouvait la cheminée dans laquelle brûlait un bon feu ronflant et des chaises étaient abandonnées devant. Il y avait également un petit tas de bûches et un tisonnier métallique De l’autre côté, là où se tenait la porte, étaient disposées plusieurs étagères sur lesquelles trainaient des babioles, des esquisses de statuettes en bois, des pots en terre cuite contenant des herbes et tout un tas d’autre chose. Au centre de la pièce se trouvait une grande table entourée de chaises. C’était là que la famille prenait le repas et Isil aimait inviter du monde à partager sa table. Enfin, à l’entrée, trainaient des paires de bottes et de sabots.
- Ton déjeuner est sur la table, avertit sa mère en remuant doucement les braises.
Derrald s’assit et engloutit son petit-déjeuner composé d’une miche de pain et de fromage de brebis.
- Doucement, ria Isil en l’apercevant. Tu vas finir par t’étouffer. Mâches avant d’avaler.
Il ne fallut pourtant pas plus que quelques minutes au garçon pour avoir terminé et il se leva, suivant sa mère au dehors.
Les chevaux avaient arraché la clôture lors de la tempête de la nuit dernière qui avait fait frémir tout le village et il fallait maintenant la réparer pour éviter que les bêtes ne s’échappent. Et le père de Derrald n’avait pas le temps. Il le passait dans sa forge, au centre du village, à plonger du métal brûlant dans une eau glacée et à taper dessus de toutes ses forces pour qu’il prenne la forme désirée. Il n’était pratiquement plus chez lui.
- Derrald, fais attention s’il te plait.
La mise en garde de sa mère l’arracha à ses pensées et il se rendit compte qu’il fixait maladroitement la nouvelle clôture. Il secoua la tête pour se reprendre et réajusta la barrière.
- Tu pourras passer voir ton père avant d’aller à l’école, lui dit Isil en s’essuyant le front d’un revers de manche. Mais n’y restes pas trop longtemps où le maître Horace te sermonnera encore. Il est venu se plaindre que tu étais de plus en plus absent à ses leçons.
- Elles ne m’intéressent pas, répondit le garçon en imitant le geste de sa mère. Il m’endort. Et d’abord je veux devenir forgeron, comme papa. J’ai bientôt l’âge qu’il faut pour devenir apprenti. Plus que deux mois et j’aurais quinze ans. Je n’ai pas besoin d’aller à sa classe.
- Ne dis pas ces choses-là. Tu peux mieux faire qu’être forgeron.
- Papa l’est bien, lui, répliqua Derrald en fronçant les sourcils.
Le visage de sa mère se ferma et son ton se durcit légèrement.
- Et ton père est avec nous en ce moment ? Il est là le matin quand tu te réveilles ? Quand tu vas au lit ? Non. Il ne fait que travailler.
Le garçon serra la mâchoire, irrité. Ce n’était pas de la faute de son père si l’Empire avait recruté tous les forgerons. Chacun devait préparer des armes ou ferrer les chevaux pour les garnisons et réparer les anciennes armures avant que n’éclate la Guerre. D’ailleurs la Garnison qui était à une centaine de lieues d’ici payait bien et c’était grâce à cet argent qu’ils avaient pu sortir de la maison miteuse qu’ils possédaient dans le village pour s’installer dans cette ferme, un peu à l’extérieur des habitations. C’était grâce à cet argent que Derrald pouvait aller aux leçons du maître Horace ou encore que sa mère recevait de l’aide de plus petites gens. Alors il la trouvait injuste de critiquer son père de cette façon.
Cependant il ne dit rien et finit de réparer l’enclot en silence, ruminant ses pensées.
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